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25 mai 2016

France bloquée : la loi de la minorité

 

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France bloquée : la loi de la minorité

Maxime Tandonnet

Source  FIGAROVOX/ANALYSE

Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

Ceux qui veulent bloquer le pays sont «une minorité» répètent les dirigeants politiques du pays. Certes, mais les blocages sont toujours le fait d'une minorité, pas d'une majorité. Il suffit d'une poignée de militants et de grévistes déterminés pour paralyser le pays: blocus des raffineries de pétrole, des trains, du métro, des avions, des autoroutes par les chauffeurs routiers... Fin 1995, la France fut aussi paralysée pendant trois semaines par une minorité, de même en 1993 et en 2006, années où les gouvernements Balladur et Villepin durent retirer leurs projets de réforme libérale...

Aujourd'hui, au-delà de la loi travail qui a été largement vidée de sa substance en particulier sur les licenciements, l'épreuve de force entre la «rue» et le pouvoir a pris un caractère emblématique, passionnel et politique. Les grévistes veulent un retrait pur et simple du texte, c'est-à-dire une capitulation en bonne et due forme.

Ce qui se joue en ce moment, c'est la réussite de l'alternance de 2017. Les grévistes, en ce moment, adressent un message par anticipation aux futurs dirigeants du pays. En effet, les candidats aux primaires «de droite» ont mis en avant des programmes de libéralisation de l'économie qui vont infiniment plus loin que l'actuelle «loi travail». Alain Juppé propose une baisse de 85 à 100 milliards des dépenses publiques, le retour de la retraite à 65 ans et de la durée hebdomadaire du travail à 39 heures. M. François Fillon parle de refondation du code du travail, de «flexisécurité» et de possibilité de licenciement en cas de réorganisation de l'entreprise. Sur le fond, ils ont raison. Cette volonté réformiste est vitale pour restaurer un pays dont l'attractivité a chuté. En 2015, les créations d'emplois liées à des projets d'implantation internationale se sont effondrées de 25% en France tandis qu'elles augmenté de 35% au Royaume-Uni, de 44% en Allemagne et de 27% en Pologne!

Une fois élus à la présidence de la République en 2017 sur la base de ces engagements, M. Juppé, M. Fillon ou d'autres se trouveront inévitablement confrontés à un choix décisif pour leur mandat: l'épreuve de force, d'une extrême violence et d'une durée indéfinie, ou le renoncement à appliquer leurs promesses.

Toutefois, une fois élus à la présidence de la République en 2017 sur la base de ces engagements, M. Juppé, M. Fillon ou d'autres se trouveront inévitablement confrontés à un choix décisif pour leur mandat: l'épreuve de force, d'une extrême violence et d'une durée indéfinie, ou le renoncement à appliquer leurs promesses. Dans les deux cas, et quelle que soit l'issue du bras de fer, leur quinquennat en sortira meurtri.

La vérité, c'est que l'économie et le social ne sont pas seuls en question dans le mouvement en cours. Le fond du problème est celui le mode de gouvernement du pays - ou de la gouvernance - un sujet totalement ignoré par l'ensemble des candidats aux présidentielles. A quoi bon les projets de réformes économiques et sociales si on ne se donne pas les moyens de les mettre en oeuvre?

Le fonctionnement de la République et de ses institutions est en cause. Un système où le chef de l'Etat est en permanence en première ligne est intrinsèquement fragile. Chargé de la représentation de la France, à l'extérieur comme à l'intérieur, il ne peut s'exposer durablement à la vindicte populaire. La personnalisation du pouvoir est une source de faiblesse: la colère se cristallise sur des personnes qui seront inévitablement tentées de reculer pour sauvegarder leur image. De fait, un chef de l'Etat a besoin d'une majorité et d'un gouvernement puissant qui assument leurs décisions. La question de la confiance est capitale. Quand le pouvoir politique atteint des sommets historique dans l'impopularité, il se voit privé d'autorité et n'est plus en mesure d'imposer des choix. Celle de la responsabilité est elle aussi vitale. Un gouvernement qui échoue à réaliser les réformes sur lesquels il s'est engagé perd sa légitimité et doit se retirer.

Au-delà du fonctionnement des institutions, c'est la culture politique qui est en jeu et la conception que se fait un pays de la démocratie. Quand une décision est prise par la majorité élue au suffrage universel, en démocratie, les minorités doivent l'accepter. Tel est le fondement même de la démocratie qui permet aux nations de se gouverner en évitant les coups de forces et la violence. Aujourd'hui, la démocratie ne fonctionne plus en France dès lors que la loi de la majorité est privée d'autorité et de légitimité. D'où l'explosion des violences. Le mot démocratie perd toute signification à partir du moment où la loi des minorités l'emporte sur celle de la majorité. Tel est le problème fondamental de la France d'aujourd'hui, sur lequel les candidats à l'élection présidentielle de 2017 auraient tout intérêt à méditer avant de se précipiter dans une impasse

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Commentaires
D
C'est inadmissible cette grève.<br /> <br /> On a un ami dont l'entreprise est en train de couler à cause du manque de carburant ...<br /> <br /> Bon jeudi, toujours au soleil, après l'orage de cette nuit ?<br /> <br /> Bisoux, serge<br /> <br /> <br /> <br /> dom
T
pour la loi du travail, je ne suis pas sur qu' elle soit refusée par une minorité, je pense même le contraire !<br /> <br /> En Allemagne, on ne parle que rarement du président, c' est le chancelier qui dirige !<br /> <br /> La gauche soutenait la Cgt, elle en paie ls conséquences
D
La France est dans la merde pendant que nos politiques pérorent à l'étranger ... pfff <br /> <br /> Je te souhaite un bon mercredi.<br /> <br /> Bisoux, serge<br /> <br /> <br /> <br /> dom
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